Lorsqu’une entreprise traverse des difficultés financières, la procédure de sauvegarde est une solution pour préserver son activité et protéger les emplois.
Pourtant, pour les salariés, cette situation peut être synonyme d’incertitudes.
Qu’en est-il de leurs contrats de travail, de leurs droits et des risques éventuels de licenciement économique ?
La procédure de sauvegarde est spécifiquement conçue pour éviter les ruptures brutales et permettre une restructuration dans un cadre légal strict.
Elle offre aux salariés des protections tout en imposant parfois des ajustements, comme la mise en place d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) ou des modifications des conditions de travail.
Dans cet article, nous explorerons :
Les impacts de la procédure de sauvegarde sur les salariés.
Les obligations de l’employeur pour limiter les conséquences sociales.
Les droits et protections garantis aux employés face à ces changements.

Qu’est-ce que la procédure de sauvegarde ?
La Procédure de sauvegarde des entreprises est une mesure judiciaire conçue pour aider une entreprise en difficulté à surmonter ses problèmes financiers tout en continuant son activité.
Contrairement à d’autres procédures comme le redressement ou la liquidation judiciaire, la sauvegarde intervient avant que l’entreprise ne soit en cessation de paiements.
Objectifs principaux de la procédure
La procédure de sauvegarde vise à :
Préserver l’activité de l’entreprise en lui permettant de réorganiser ses dettes.
Protéger les emplois en limitant les licenciements ou en mettant en place des mesures pour accompagner les salariés.
Offrir un cadre légal sécurisé pour éviter que les créanciers ne bloquent les opérations de l’entreprise.
Pour mieux comprendre l’importance de cette démarche pour une société en difficulté, vous pouvez également consulter notre article sur l’Entreprise en difficulté procédure de sauvegarde.
Ces objectifs montrent que la sauvegarde est pensée comme une solution proactive pour limiter les impacts sociaux et économiques.
Différences avec le redressement et la liquidation judiciaire
Voici comment la procédure de sauvegarde se distingue des autres démarches collectives :
Pendant une procédure de sauvegarde, les salariés voient généralement leurs contrats maintenus, mais certains ajustements peuvent être nécessaires pour garantir la pérennité de l’entreprise.
Les implications pour les salariés
Lorsqu’une entreprise est placée en procédure de sauvegarde, les salariés continuent généralement de travailler dans les mêmes conditions.
Cependant, cette période de réorganisation peut entraîner des ajustements qui affectent directement leur situation professionnelle. Voici les principaux points à connaître.
Maintien de l’emploi pendant la procédure
L’un des objectifs clés de la procédure de sauvegarde est de préserver les contrats de travail.
Contrairement à une liquidation judiciaire, où les contrats sont immédiatement rompus, la sauvegarde permet :
De conserver les postes existants pour maintenir l’activité.
De garantir le paiement des salaires pendant la période d’observation grâce à l’intervention de l’administrateur judiciaire.
En cas de trésorerie insuffisante, les salariés peuvent être pris en charge par l’AGS (Association pour la Gestion du régime de Garantie des créances des Salariés), comme évoqué plus en détail dans notre section dédiée à la Procédure de sauvegarde et paiement des salaires.
Modifications des conditions de travail
Pendant une procédure de sauvegarde, l’entreprise peut demander des ajustements pour réduire ses coûts et améliorer sa compétitivité.
Ces changements peuvent inclure :
Une réorganisation interne, comme des modifications d’horaires, de missions ou de lieu de travail.
Des négociations sur les avantages sociaux, par exemple sur les primes ou les augmentations prévues.
Règle à retenir : Toute modification doit respecter le droit du travail et les accords collectifs en vigueur.
Si un salarié refuse un changement altérant substantiellement son contrat, cela peut conduire à un licenciement économique.
Risques de licenciement économique
Bien que la sauvegarde ait pour but de préserver les emplois, des licenciements économiques peuvent être envisagés si :
Ils sont nécessaires pour garantir la survie de l’entreprise.
Ils sont validés par le tribunal, qui examine leur justification économique.
Les salariés concernés bénéficient alors de droits spécifiques :
Indemnités légales de licenciement.
Accompagnement via un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) pour les entreprises de 50 salariés et plus, si le nombre de licenciements atteint les seuils légaux.
Pour une analyse plus approfondie de cette thématique, n’hésitez pas à consulter notre article dédié à la Procédure de sauvegarde et licenciment économique.
En résumé, la procédure de sauvegarde protège généralement les contrats de travail, mais elle peut imposer des ajustements ou, dans certains cas, des suppressions de postes.
Ces éventualités sont strictement encadrées pour limiter les impacts sur les salariés.

Le rôle du Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE)
Lorsqu’une procédure de sauvegarde conduit à des licenciements économiques, l’entreprise doit mettre en place un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) pour accompagner les salariés concernés et limiter les impacts sociaux.
Ce dispositif est obligatoire dans certaines conditions et prévoit des mesures adaptées aux besoins des employés.
Conditions de mise en place du PSE
Un PSE est exigé dans les situations suivantes :
L’entreprise emploie au moins 50 salariés.
Elle prévoit de licencier 10 salariés ou plus sur une période de 30 jours.
Pour les entreprises plus petites ou lorsque le nombre de licenciements est inférieur à ces seuils, des démarches simplifiées peuvent être envisagées.
Cependant, l’employeur reste tenu de justifier chaque licenciement et de respecter les droits des salariés.
Contenu du PSE
Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi doit inclure des mesures visant à :
Limiter les licenciements : En explorant toutes les alternatives, comme le reclassement interne.
Accompagner les salariés licenciés : Avec des dispositifs adaptés pour les aider dans leur transition professionnelle.
Exemples de mesures prévues dans un PSE :
Reclassement interne : Offrir des postes disponibles dans d’autres services ou sites de l’entreprise, en France ou à l’étranger.
Aide au reclassement externe : Proposer des bilans de compétences, des formations, ou un accompagnement personnalisé pour retrouver un emploi.
Soutien financier : Inclure des primes de départ, des aides à la mobilité géographique ou un financement pour la création d’entreprise.
Droits des salariés concernés
Les salariés touchés par un PSE bénéficient de plusieurs protections, notamment :
Indemnités légales ou conventionnelles : Les salariés licenciés doivent recevoir toutes les compensations prévues par la loi ou les accords collectifs (licenciement, préavis, congés payés).
Droit à la priorité de réembauche : Pendant une période de 12 mois après leur départ, ils peuvent être réembauchés en priorité si un poste équivalent se libère.
Accompagnement renforcé : Grâce au Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP), les salariés peuvent bénéficier d’un suivi intensif pour retrouver un emploi.
En respectant ces obligations, l’employeur garantit une transition professionnelle plus sereine pour les salariés impactés par les suppressions de postes.
Les droits et protections des salariés
Lorsqu’une entreprise est placée en procédure de sauvegarde, les salariés bénéficient de droits spécifiques visant à protéger leurs intérêts et atténuer les impacts de cette situation exceptionnelle.
Ces protections concernent leur emploi, leur rémunération et les recours disponibles en cas de licenciement économique.
Indemnités en cas de licenciement économique
Les salariés licenciés dans le cadre d’une procédure de sauvegarde conservent leurs droits aux indemnités prévues par la loi ou les conventions collectives.
Voici les principales compensations auxquelles ils peuvent prétendre :
Indemnité légale de licenciement
Valable pour les salariés ayant au moins 8 mois d’ancienneté.
Calculée en fonction de l’ancienneté et du salaire moyen (1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté pour les 10 premières années, puis 1/3 pour les années suivantes).
Indemnité compensatrice de préavis
Si le salarié n’effectue pas son préavis, il doit être indemnisé pour cette période.
Indemnité compensatrice de congés payés
Tous les jours de congés acquis mais non pris doivent être payés au salarié au moment de son départ.
Priorité de réembauche
Les salariés licenciés bénéficient d’un droit à la priorité de réembauche. Cela signifie que :
Si un poste équivalent devient disponible dans l’entreprise dans les 12 mois suivant leur départ, ils doivent être contactés en priorité.
Ce droit s’applique à condition que le salarié en fasse la demande par écrit (lettre recommandée avec accusé de réception).
Accompagnement au reclassement
Avant de procéder à un licenciement, l’employeur doit proposer des solutions de reclassement interne.
Si aucun poste n’est disponible, des dispositifs d’accompagnement externe sont mis en place :
Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP)
Propose un suivi renforcé, incluant des formations et des conseils personnalisés.
Permet de percevoir une allocation spécifique pendant la recherche d’emploi.
Aides à la reconversion professionnelle
Financement de formations pour acquérir de nouvelles compétences.
Soutien à la création d’entreprise ou à la reprise d’une activité indépendante.
Recours possibles en cas de non-respect des droits
Si un salarié estime que ses droits n’ont pas été respectés pendant la procédure de sauvegarde, il peut engager des recours juridiques :
Saisir le Conseil de Prud’hommes : Pour contester la légitimité du licenciement ou réclamer des indemnités supplémentaires en cas de non-respect des obligations légales.
Contacter l’Inspection du Travail : Pour signaler des manquements aux droits des salariés ou des abus dans les procédures de licenciement.
Pour avoir un éclairage complémentaire sur le fonctionnement global d’une sauvegarde et sur des questions pratiques comme la gestion des créanciers, découvrez notre publication sur la Procédure de sauvegarde paiement des fournisseurs ou encore sur la Procédure de sauvegarde paiement des loyers.
Le rôle des représentants du personnel
Dans une procédure de sauvegarde, les représentants du personnel jouent un rôle central pour défendre les intérêts des salariés.
Leur implication garantit que les mesures prises par l’entreprise respectent les droits des employés et les obligations légales.
Consultation obligatoire lors de la procédure
L’employeur doit consulter le Comité Social et Économique (CSE) dès le début de la procédure de sauvegarde. Cette consultation a pour objectifs :
Informer les représentants du personnel sur la situation économique de l’entreprise et les mesures envisagées.
Examiner les alternatives aux licenciements pour limiter les impacts sociaux.
Donner un avis sur les plans sociaux : Le CSE participe à l’élaboration et à la validation des dispositifs, comme le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE).
Participation à l’élaboration du PSE
Si un PSE est nécessaire, les représentants du personnel collaborent avec l’employeur pour :
S’assurer que le plan respecte les droits des salariés.
Proposer des solutions adaptées aux besoins des employés, comme des formations, des mesures de reclassement ou des aides financières.
Soutien et information aux salariés
En plus de leur rôle consultatif, les représentants du personnel agissent comme des relais d’information pour les salariés. Ils :
Expliquent les enjeux de la procédure de sauvegarde et ses implications sur l’emploi.
Répondent aux questions des salariés sur leurs droits et sur les dispositifs d’accompagnement disponibles.
Accompagnent les salariés dans leurs démarches, notamment en cas de litige avec l’employeur.
Défense des intérêts des salariés
Les représentants du personnel peuvent également intervenir pour signaler des irrégularités ou des abus dans la procédure. Cela inclut :
Alerter l’Inspection du Travail en cas de non-respect des droits des salariés.
Saisir le tribunal administratif si le PSE ou les mesures prises par l’employeur ne respectent pas les obligations légales.
Grâce à leur implication, les représentants du personnel jouent un rôle de médiateur entre les salariés et l’employeur, tout en veillant à ce que chaque décision respecte le cadre légal.

Conclusion
La procédure de sauvegarde est une mesure essentielle pour aider une entreprise en difficulté à surmonter ses problèmes tout en limitant les impacts sociaux.
Pour les salariés, elle offre des garanties importantes, mais elle peut également entraîner des ajustements significatifs, comme des modifications des conditions de travail ou, dans certains cas, des licenciements économiques.
Points clés à retenir :
Les droits des salariés sont largement protégés :
Maintien des contrats de travail.
Paiement des salaires, garanti en cas de défaillance par l’AGS.
Indemnités légales et priorités de réembauche en cas de licenciement.
L’employeur a des obligations strictes :
Respect des démarches légales pour toute modification ou suppression de poste.
Consultation des représentants du personnel et mise en place d’un PSE si nécessaire.
Les recours sont disponibles :
Les salariés peuvent saisir le Conseil de Prud’hommes ou l’Inspection du Travail en cas de non-respect de leurs droits.
Un conseil pratique : Si vous souhaitez approfondir la question du statut d’une entreprise avant de nouer une relation commerciale ou pour anticiper vos risques, consultez notre ressource dédiée à Comment savoir si une entreprise est en procédure de sauvegarde ou renseignez-vous sur la Procédure de sauvegarde et prêt bancaire.
Avec un cadre légal bien défini et une gestion rigoureuse, la procédure de sauvegarde peut permettre à l’entreprise de se restructurer efficacement tout en protégeant au mieux les salariés.