La cessation de paiement est une étape critique dans la vie d’une entreprise.
En France, la loi impose un délai de 45 jours pour agir dès la constatation de cette situation.
Ce laps de temps est crucial : il détermine non seulement les démarches à suivre pour régulariser la situation, mais aussi les responsabilités du dirigeant en cas d’inaction ou d’erreurs.
Ce délai légal n’est pas un simple formalisme.
C’est une véritable opportunité pour organiser la survie de l’entreprise ou, à défaut, gérer une liquidation ordonnée.
Une déclaration tardive peut entraîner des conséquences graves pour le dirigeant, comme des sanctions civiles, pénales ou encore une responsabilité personnelle sur les dettes.
Dans cet article, nous détaillerons :
La signification et l’origine du délai des 45 jours.
Les étapes essentielles à suivre pendant cette période.
Les sanctions en cas de dépassement du délai.
Des conseils pratiques pour anticiper ou éviter la cessation de paiement.
En comprenant les enjeux et les solutions possibles, vous pourrez mieux protéger votre entreprise face à cette période critique.

Qu’est-ce que la période des 45 jours en cessation de paiement ?
Lorsqu’une entreprise se retrouve en état de cessation de paiement, elle entre dans une phase légale décisive.
Les 45 jours représentent le temps imparti pour agir en respectant les obligations prévues par le droit des entreprises en difficulté.
Pour un aperçu complet des étapes légales, consultez d’abord notre procédure de cessation de paiement, qui vous guidera sur l’ensemble des démarches à entreprendre dès la constatation de cette situation.
Définition légale de la cessation de paiement
La cessation de paiement est définie par l’article L631-1 du Code de commerce.
Elle survient lorsque l’entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible (dettes immédiates) avec son actif disponible (ressources financières mobilisables).
Actif disponible : Il comprend la trésorerie, les fonds bancaires disponibles et les créances clients recouvrables rapidement.
Passif exigible : Ce sont les dettes immédiates, comme les factures échues, les échéances de crédit, ou encore les charges sociales et fiscales.
💡 En pratique, si votre passif exigible dépasse votre actif disponible, votre entreprise est en cessation de paiement.
Pour aller plus loin sur le calcul précis de ce déséquilibre, n’hésitez pas à consulter notre guide pour comment calculer la cessation de paiement.
Pourquoi un délai de 45 jours ?
Ce délai est encadré par la loi pour :
Permettre au dirigeant de prendre les mesures nécessaires pour limiter les impacts sur l’entreprise et ses parties prenantes.
Garantir une déclaration rapide pour ouvrir une procédure collective (redressement ou liquidation).
Prévenir les abus et éviter que l’entreprise ne creuse davantage son passif.
⚠️ Attention : Le dépassement de ce délai expose le dirigeant à des sanctions judiciaires et financières, notamment s’il est prouvé que la déclaration tardive a aggravé la situation.
Si l’entreprise possède encore une chance de se relever, un cessation de paiement redressement judiciaire peut être envisagé. Dans le cas contraire, la procédure de cessation de paiement liquidation judiciaire peut s’imposer.

Que faire pendant les 45 jours ? Les étapes essentielles
Les 45 jours doivent être utilisés efficacement pour évaluer, organiser et agir. Voici les principales étapes à suivre pour gérer cette période critique.
1. Confirmer l’état de cessation de paiement
Avant toute déclaration, il est essentiel de vérifier que votre entreprise est bien en cessation de paiement.
Actions clés :
Analyse des comptes : Comparez vos liquidités disponibles (actif disponible) à vos dettes immédiates (passif exigible).
Consultation d’un expert-comptable : Un professionnel peut vous aider à réaliser un diagnostic précis.
Documentation des preuves : Rassemblez les justificatifs financiers nécessaires pour établir l’état de cessation de paiement.
💡 Astuce : Un tableau de bord financier peut vous aider à surveiller vos flux de trésorerie en temps réel.
2. Préparer la déclaration de cessation de paiement
Une fois l’état confirmé, vous devez préparer les documents requis pour déposer une déclaration au tribunal compétent.
Documents nécessaires :
Liste des créanciers et montants dus.
Bilans financiers récents et compte de résultat.
Évaluation de l’actif disponible et du passif exigible.
Justificatifs des dettes sociales, fiscales et fournisseurs.
Ces informations permettent au tribunal d’évaluer la situation et de décider de la procédure collective adaptée (redressement ou liquidation).
3. Déposer la déclaration au tribunal
Le dépôt doit être effectué auprès :
Du tribunal de commerce pour les entreprises commerciales.
Du tribunal judiciaire pour les professions libérales ou associations.
Conséquences d’une déclaration rapide :
Le tribunal peut ouvrir un redressement judiciaire, permettant de réorganiser les dettes et de maintenir l’activité.
Dans les cas graves, une liquidation judiciaire est ordonnée pour rembourser les créanciers en priorisant les salariés.
Conséquences d’une déclaration tardive ou absente
Ignorer ou dépasser le délai des 45 jours peut entraîner des conséquences lourdes pour l’entreprise et le dirigeant.
1. Responsabilité personnelle du dirigeant
Le dirigeant peut être tenu responsable des dettes de l’entreprise si :
Il a continué à engager des dépenses malgré l’état de cessation de paiement.
Il a retardé intentionnellement la déclaration pour dissimuler des actifs.
2. Sanctions pénales
Les tribunaux peuvent également prononcer des sanctions comme :
Une interdiction de gérer ou diriger une entreprise.
Des amendes, voire des peines de prison en cas de fraude.
💡 Agir dans les délais est la meilleure manière de limiter les risques personnels.
Exemple pratique : Les 45 jours en action
Prenons l’exemple d’une PME confrontée à des difficultés financières.
Situation initiale :
Actif disponible : 10 000 €
Passif exigible : 25 000 €
Démarches entreprises :
Jour 1 à 10 : Analyse des comptes et confirmation de l’état de cessation de paiement avec un expert-comptable.
Jour 11 à 30 : Préparation des documents nécessaires pour la déclaration.
Jour 31 à 45 : Dépôt au tribunal et ouverture d’un redressement judiciaire.
Résultat : L’entreprise a bénéficié d’un gel des dettes et a pu négocier un échéancier de remboursement avec ses créanciers.
Prévention : Comment éviter la cessation de paiement ?
La meilleure manière de gérer la cessation de paiement est de ne jamais y arriver. Voici quelques conseils pour prévenir cette situation :
1. Suivi régulier de la trésorerie
Mettez en place des outils pour surveiller vos flux financiers et anticiper les tensions de trésorerie.
2. Négociations préventives
Établissez une relation de confiance avec vos créanciers pour obtenir des délais en cas de difficultés.
3. Diversifiez vos sources de revenus
Ne dépendez pas d’un seul client ou secteur d’activité pour limiter les risques.

Conclusion
Les 45 jours suivant une cessation de paiement sont une période décisive pour toute entreprise en difficulté.
Agir rapidement et stratégiquement permet d’ouvrir des options de sauvetage comme le redressement judiciaire.
En revanche, une déclaration tardive expose à des sanctions sévères.
Prenez les devants en consultant des experts pour un accompagnement adapté et protégez votre entreprise dès les premiers signes de difficulté.